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La princesse triste

 Fée dans coquillage.jpg

 

  Il y a très longtemps, vivait la princesse Aubépine, dans un château luxueux trônant au centre d’une propriété immense, où vallons, prairies et forêts rivalisaient de beauté naturelle. Les habitants des alentours l’appelaient « le royaume enchanté ». Dans un tel paradis, normalement Aubépine aurait dû respirer la joie de vivre. Quelle chance, en effet, de pouvoir habiter et se mouvoir ainsi en un lieu aussi fantastique ! Pourtant, ce n’était pas le cas. La jeune princesse avait la tristesse au cœur, et ne pouvait rien faire pour s’en libérer. Elle promenait ainsi sa mélancolie de place en place.

 

   Un jour plus mélancolique encore que tous les autres, elle se dit que cela ne pouvait plus durer, il fallait qu’elle sorte de cet état insensé. Car Aubépine était bien consciente de l’absurdité de cet attristement, mais que pouvait-elle y faire ? Son abattement revenait inlassablement chaque matin, sans aucune raison, et il perdurait jusqu’au soir. Aubépine se rappela ce jour-là ce que son amie Armelle lui avait dit un jour : je connais une fée capable de transformer la tristesse en joie en changeant la vie des gens : la fée Libellula. A ce souvenir, elle décida immédiatement de rendre visite à cette fée miracle.

Elle la trouva assise sur un champignon, dans le sous-bois de la Claire Fontaine, et s’adressa à elle en ces mots :

— Bonjour, fée Libellula, excuse-moi de te déranger, je sais que tu es très occupée en ce moment, avec toutes ces personnes qui souhaitent changer de vie, mais j’aimerais moi aussi, que tu fasses quelque chose pour moi. Le veux-tu ?

— Ne suis-je pas une fée ? lui répondit-elle, le sourire aux lèvres, bien sûr que je veux t’aider, c’est ma raison d’être sur cette terre, aider. Que puis-je donc pour toi ?

— Eh bien justement, c’est là le problème, car je ne sais pas ce que tu peux faire pour moi.

— Alors je vais te poser la question autrement : que désires-tu ?

Aubépine, embarrassée, mit quelques secondes à répondre :

— Le fait est que… justement… je ne sais pas vraiment ce que je désire.

Libellula lança à Aubépine un regard surpris, avant de répéter sa phrase :

— Tu ne sais pas ce que tu désires… c’est très ennuyeux, ça. Comment pourrais-je réaliser ton vœu si tu ne sais ce que tu désires ?

— Eh bien… c’est qu’en venant te voir, Fée Libellula, je pensais que toi tu pourrais me donner la réponse à cette question…

Libellula émit un petit rire amusé.

— Alors là, lui répondit-elle sur un ton gentiment taquin, on m’avait déjà demandé tout un tas de choses très bizarres, mais cette fois, ça dépasse tout. Il faudrait maintenant que je sois capable de lire dans le cerveau des gens leurs intentions secrètes.

— Oui, je sais… ce que je te demande est vraiment étrange, mais vois-tu, j’ai déjà tout ce qu’il est possible de désirer sur cette terre : je vis dans un château magnifique, j’ai une garde-robe si fournie que je pourrais changer de vêtement cinquante fois par jour si je le désirais ; j’ai une quantité invraisemblable de bijoux précieux ; comme tu le sais, je peux aller et venir, à pied ou à cheval partout autour de ma propriété, sans avoir besoin de sortir du domaine, tellement il est immense. Et pourtant, je me sens triste, et je ne comprends pas pourquoi. Un jour, une amie m’a parlé de toi. Elle m’a dit que tu es capable de changer la vie de ceux qui viennent te voir. Alors je me suis dit que peut-être c’est cela dont j’ai besoin : changer de vie. J’ai réfléchi, et je me suis dit encore que ta vie à toi, par exemple, doit être fabuleuse, puisque tu peux te téléporter partout où l’on a besoin de toi et ainsi découvrir beaucoup de pays, rencontrer beaucoup de nouvelles personnes, faire mille choses différente de celles que tu as l’habitude de faire...

— Excuse-moi, Princesse Aubépine, je ne veux pas te manquer de respect… mais tu ne sais pas ce que tu dis. Connais-tu seulement l’origine de mon nom ?

— Non, dis-moi.

— Mon prénom dérive du mot libellule, symbole du changement. C’est ma nature, je suis faite ainsi, et tout comme j’incarne l’idée même du changement, ma mission sur terre est celle d’apporter le changement souhaité par tes congénères. Mais en ce qui te concerne, ceci n’est pas ta nature. Tu me demandes de réaliser un vœu contre nature.

— C’est vraiment dommage, répondit Aubépine, et très attristant, car c’est vraiment la seule chose que je désire plus que tout en cet instant.

— Très bien, comme tu voudras, répondit Libellula, visiblement déçue de devoir exaucer un vœu tel que celui-là. Je te laisse encore quelques secondes pour réfléchir.

Après quelques instants, Libellula interrogea Aubépine :

— Es-tu toujours décidée à être transformée en fée ?

— Oui ! s’écria Aubépine les yeux brillants d’excitation.

— Alors qu’il en soit ainsi, dit la fée, mais avant toute chose, quel nom de fée te choisis-tu ?

Un peu décontenancée par cette question qu’elle n’attendait pas, Aubépine hésita quelques instants, puis répondit : fée coccinelle ! Elle avait toujours aimé les coccinelles.

— Va donc pour la fée Coccinelle, approuva fée Libellula, qui se saisit de sa baguette magique et la dirigea vers la princesse.

Le lieu où Aubépine fut téléportée instantanément avait de quoi surprendre. La princesse se trouvait tout bonnement à l’intérieur d’un coquillage, sur une plage déserte. Elle était là depuis quelques secondes à peine lorsqu’une petite voix se fit entendre derrière elle :

— Bonjour, est-ce bien toi la fée Coccinelle ?

—Euh… oui, c’est moi, répondit la princesse, tout en se retournant, un peu surprise de s’entendre déjà appeler par son nouveau nom.

Une tortue, prénommée Carla, lui faisait face et lui demanda d’une voix un peu intimidée :

—Voudrais-tu m’aider, fée Coccinelle ?

La princesse était fière de pouvoir lui répondre de la même manière que Fée Libellula quelques instants plus tôt :

— Bien sûr que je veux t’aider, ne suis-je pas une fée ?

— D’accord, alors voilà… j’aimerais que tu me transformes en gypaète barbu.

— En gypaète barbu ? répéta fée Coccinelle, surprise, et pourquoi donc ? Cela n’a rien à voir avec toi. Toi tu te déplaces lentement au sol, et tu possèdes une carapace, alors que le gypaète barbu est un rapace possédant deux ailes et volant très vite dans le ciel.

— C’est précisément pourquoi je veux devenir un gypaète. J’en ai assez de craindre pour ma vie à chaque instant. J’ai perdu deux de mes frères et des tas d’amis, emportés par l’un de ces rapaces, puis dévoré par lui après avoir été lancé de très haut et avoir atterri complètement écrabouillé sur un rocher. Ainsi agissent ces oiseaux de malheur. Quel mort horrible, tu ne trouves pas ? Moi je ne veux pas finir comme ça. Pour l’instant, j’ai eu la chance d’y échapper, mais un jour ou l’autre, je serai repéré par un de ces prédateurs. Alors, autant que j’en devienne un moi-même, après tout. Ainsi, au moins, je serai fort, rapide, agile, je ne craindrai plus rien ni personne pour la partie de ma vie qu’il me reste à vivre.

— Je comprends, Carla, mais es-tu bien sûre de toi ? Tu sais que les gypaètes barbus ont une espérance de vie moindre que celle des tortues ?

— Je sais, mais ça c’est dans l’idéal, vu que si tu croises la route d’un gypaète, cette espérance de vie est considérablement raccourcie, n’est-ce pas ? J’ai bien réfléchi, je préfère encore vivre moins longtemps qu’un gypaète, mais être sûre de ne pas finir d’une façon aussi horrible.

— Très bien, comme tu voudras Carla, allons-y alors. Es-tu prête ?

— Je le suis.

 

   Une seconde après que fée Coccinelle eut tendu sa baguette magique en direction de la tortue, celle-ci se métamorphosa en superbe gypaète barbu qui s’élança aussitôt dans les airs en déployant ses grandes et magnifiques ailes.

 

   A peine eut-elle terminé sa première mission, que fée Coccinelle fut téléportée en un autre lieu par un correspondant du bureau des fées, à la demande d’un nouveau réclamant : une rose magnifique aux pétales de velours et au parfum délicieux. Fée Coccinelle se retrouva dans le sud de la France où il faisait très chaud en été, et où la dite rose craignait toujours de voir ses pétales desséchés et son parfum s’évaporer, et ceci même si le jardinier prenait bien soin de l’arroser tous les jours. Elle voulait absolument être téléportée en Finlande.

— Au moins, là-bas, je suis sûre de ne jamais avoir trop chaud, dit-elle à Fée Coccinelle.

— Mais à l’inverse, tu risques d’avoir trop froid, répondit cette dernière, ce n’est pas beaucoup mieux, y as-tu pensé ? Et puis, les nuits sont très longues, là-bas, et les fleurs ont besoin de beaucoup de lumière.

— Je prends le risque, répondit la rose, il y a longtemps que je rêve de vivre là-bas.

— Très bien, comme tu voudras, répondit fée Coccinelle, et à l’instant elle tendit sa baguette vers la rose qui disparut aussitôt de sa vue.

   Une troisième fois, fée Coccinelle se vit téléportée en autre lieu. Quel ne fut son étonnement ! Cette fois, ce n’était ni un animal ni une plante qui s’adressait à elle, mais bel et bien un rocher ! Sur le moment, elle se dit que la voix entendue devait être celle d’un être vivant quelconque caché derrière le roc en question, qu’elle contourna donc prestement, mais elle dut se rendre très vite à l’évidence :

— Ne cherche pas, c’est bien moi, la roche, qui te parle, fée Coccinelle. J’aimerais obtenir ton aide, tu veux bien ?

— Euh oui… répondit la fée, un peu intimidée devant le mastodonte de pierre.

— Comme tu le sais, une pierre ne bouge pas, elle est et demeure éternellement statique. Elle n’a même pas le privilège de mourir pour se réincarner en autre chose, non. Elle est vouée à demeurer aussi immobile ad vitam aeternam. Et moi, j’en ai assez de cette destinée monotone. Je veux pouvoir bouger, marcher, courir, sauter, vivre, quoi ! Alors voilà, j’aimerais que tu me fasses avoir des jambes.

   Fée Coccinelle en resta abasourdie. C’était la chose la plus insensée qu’on lui eût demandé de toute sa vie. Une pierre pourrait-elle vivre ? se dit-elle. D’ailleurs, même le fait de l’entendre parler est déjà surréaliste. En même temps, un gypaète non plus n’est pas censé parler, pas plus qu’une rose, d’ailleurs. Tout cela devient vraiment insensé. Quelle idée ai-je eu de vouloir endosser des habits de fée ! Quoi qu’il en soit, il me faut maintenant accomplir ma tâche en exauçant le vœu de ce rocher.

— Tu sais, lui dit-elle en tentant tout de même de le dissuader, tu es très bien comme tu es, rocher. Après tout c’est ta nature d’être immobile. Et puis, regarde combien tu es utile à la faune marine ! Que vont faire tous ces crustacés qui se réfugient dans tes cavités, si tout à coup tu te lèves sur tes jambes pour aller t’installer ailleurs ? Y as-tu pensé ?  

— Je ne pense qu’à ça depuis des années, et j’en ai assez. Maintenant, je veux penser un peu à moi, j’en ai bien le droit, non ? Sais-tu quelle tristesse, quel ennui représente le fait de ne jamais pouvoir changer d’atmosphère ?

— D’accord, je comprends, rocher. Eh bien, je vais donc exaucer ton souhait.

Aussitôt que fée Coccinelle tendit sa baguette en direction du rocher, celui-ci se vit surplombé de deux jambes de pierres massives qu’il s’empressa d’actionner avec grand fracas. Chacun de ses pas retombait lourdement sur le sol, faisant trembler la terre, l’eau, les arbres, et tout ce qui pouvait se trouver autour. Avant d’avoir le temps de constater les conséquences de tout cela, fée Coccinelle disparut de nouveau, appelée en autre lieu.

  Elle fut de retour sur la plage de sa première mission. Le gypaète "ex" tortue s’adressa à elle. Il était tellement énervé qu’il en perdait ses mots et s’exprima d’abord d’une voix hachée :

— Ex…cuse…moi, fée… Coc…cinelle… de te dé…ranger en…core…

… mais ça ne va pas du tout ! réussit-il à crier d’une seule traite, en retrouvant sa vigueur. Je sais que c’est moi qui t’ai demandé de me transformer en gypaète, mais maintenant j’ai changé d’avis, je voudrais autre chose.

– Ah bon ? s’étonna fée Coccinelle, et pourquoi donc ? N’es-tu pas heureux de pouvoir voler en toute liberté ?

— Si, si… ce n’est pas ça… mais les gypaètes ne sont pas les seuls à chasser les tortues, il y a aussi les crocodiles, et quand ces sales bêtes ne raflent pas tout le gibier, ils nous tombent dessus à l’improviste, nous, les gypaètes, quand nous sommes en train de déguster la chair de ces délicieuses tortues. Plusieurs se sont déjà fait dévorer avant d’avoir eu le temps de s’envoler. Ce n’est pas si bien que ça, finalement, la vie de gypaète…

— Et donc, si je comprends bien, cette fois, tu voudrais que je te transforme en crocodile ?

— Si ce n’est pas trop te demander… au moins, là, je suis sûr de ne pas être ennuyé, le crocodile n’a aucun prédateur.

— Très bien, à ta guise, gypaète, mais j’espère que cette fois, ce sera la bonne.

Fée Coccinelle transforma le gypaète en crocodile, avant d’être téléportée aussitôt en Finlande.

   Comme elle s’y attendait, elle se retrouva devant la merveilleuse rose au parfum délicieux qu’elle avait aidée peu avant. La différence, c’était que cette fois, la reine des fleurs était habillée de la tête aux pieds d’une couche de glace qui cachait entièrement sa robe, mais dont fée Coccinelle pouvait tout de même entrevoir les pétales tout fripés. Et bien entendu, aucun parfum exquis ne se dégageait de sa corolle.

— Tu avais raison, fée Coccinelle, dit la rose toute triste, ce pays n’est pas fait pour moi. Fais-moi retourner où j’étais, s’il te plaît, tu veux bien ?

Sans même tenter de discuter, Coccinelle s’exécuta aussitôt, libérant la fleur de son carcan.

   « J’imagine que le rocher ne va pas tarder à m’appeler », se dit-elle ensuite, je me demande ce qu’il va trouver pour se plaindre, lui.

   Comme de bien entendu, fée coccinelle fut appelée à l’endroit où se trouvait présentement le rocher. C’était un lieu de dévastation tel qu’elle n’en avait vu de toute da vie de princesse : des arbres couchés, des fleurs piétinées, l’herbe arrachée. En courant de joie tout autour des lieux qu’il visitait, de par sa corpulence de géant, le rocher sur pattes avait semé la désolation sur son passage. Tout le monde le considérait à présent comme un monstre démoniaque, alors qu’avant, lorsqu’il était statique, il avait, en effet, beaucoup d’utilité pour les poissons et les crustacés, qui l’en remerciaient, mais aussi pour les mouettes qui s’y posaient et s’y reposaient entre leurs vols au-dessus de la mer, qui y nichaient aussi. Combien, également, avait-il reçu de visites de vacanciers qui s’asseyaient ou même s’allongeaient sur lui pour prendre un bain de soleil ! Le fait est que sa nouvelle condition de rocher sur pattes avaient semé la terreur, quand en se relevant il avait envoyé valdinguer les estivants à moitié endormis qui furent violemment projetés sur d’autres rochers, ou dans la mer, certains ne sachant pas nager. L’hôpital le plus proche comptait ses blessés, il y eut même deux morts par noyade.

— Plus jamais ça ! s’écria le rocher, désespéré.

Compatissante, mais un peu agacée aussi du fait qu’il ne l’avait pas écoutée quand elle l’avait prévenue, et effarée des conséquences, fée Coccinelle ne le ménagea pas :

— Quand tu as vu que ta lubie d’avoir des jambes avait des conséquences, il ne te serait pas venu à l’idée de ne plus t’en servir, tout simplement ?

— J’ai essayé, fée Coccinelle, mais a m’a été impossible. On dirait que j’ai été programmé pour les utiliser. Dès que je restais assis trop longtemps, je souffrais le martyre. Mais je ne veux plus jamais créer un tel chaos. Fais-moi redevenir comme avant, s’il te plaît.

Sans même lui répondre, fée Coccinelle accéda à son vœu, et instantanément, le rocher retrouva sa position statique.

   « Quel gâchis ! se dit fée Coccinelle, et que de temps perdu ! Si j’avais su ! Moi aussi je regrette mon vœu. J’aimerais réintégrer ma vie de princesse, c’était quand même moins compliqué et plus reposant ».

— Fée Libellula, s’il te plaît, j’en appelle à toi ! s’écria-t-elle avec ferveur en dirigeant son visage vers le ciel.

A peine deux secondes plus tard, cette dernière apparut devant elle.

— Ah là là ! fée Libellula, dit la princesse, si tu savais !

— Je sais, je sais, répondit cette dernière, inutile de m’expliquer, je suis au courant. As-tu compris maintenant ?

— S’il faut comprendre qu’il ne sert à rien de vouloir changer de vie, et que c’est même dangereux, alors ça oui, j’ai bien compris ! Et puis… la vie de fée, ce n’est pas pour moi. Quelle patience tu dois avoir, fée Libellula !

— Ce que je voulais que tu découvres par toi-même, princesse Aubépine, ce n’est pas qu’il est impossible de changer de vie, mais que l’on ne peut changer sa nature. Chaque élément de ce monde a une fonction particulière dans le vaste univers. Il est l’un des chaînons du rouage de la grande mécanique cosmique. Chacun d’entre eux est la proie ou le prédateur d’un autre, c’est ainsi, on n’y peut rien. C’est de cette manière que s’opère l’équilibre des espèces et du monde. Quand on tente de changer sa nature, alors on enclenche tout un ensemble de conséquences souvent négatives, ou en tout cas qui ne sont pas souvent celles que l’on attendait. Ainsi, tu as souhaité emprunter ma vie de fée, mais tu n’en es pas une, et tu ne le seras jamais. Tu es une princesse. Tu as été envoyée sur terre pour remplir cette fonction, .

— Alors, suis-je destinée à rester triste tout au long de ma vie, puisque cette vie de princesse, aussi merveilleuse puisse-t-elle paraître aux yeux de tous, je ne l’ai pas choisie et elle ne me convient pas ?

— Ne t’est-il jamais venu à l’esprit que c’est peut-être ton cœur qu’il faut changer pour trouver ce bonheur qui semble vouloir te fuir ? Si tu es si riche que tu le dis et que tu n’as même pas l’usage de tout ce que tu possèdes, alors offre un peu de ta richesse aux pauvres, et tu seras heureuse de voir briller leurs yeux de bonheur. Si tu as beaucoup de temps libre, à ne savoir qu’en faire, offre un peu de ce temps à des personnes seules qui souffrent de leur solitude. Toi qui as la connaissance, pourquoi n’offrirais-tu pas ton savoir à ceux qui n’ont pas eu la chance d’aller à l’école ? Il y a encore tant d’autres choses qui pourraient aider les autres tout en comblant tes heures vides. Tu es venue me trouver pour que je change ta vie, mais crois-moi, princesse Aubépine, si tu changes ton cœur, tu vas changer ta vie en même temps, et tu n’auras plus jamais besoin de mon aide.

   Sur ces mots, fée Libellula s’envola dans les airs, laissant Aubépine seule, afin qu’elle puisse cogiter ses paroles.

   Ce jour-là, la princesse comprit. Elle réintégra le luxe de son château le cœur beaucoup plus léger, bien que rempli de dizaines d’idées nouvelles à mettre en pratique, auxquelles fée Libellula n’avait même pas pensé.

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20/01/2023
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